Moussem d’Imilchil.
C’était dans le village d’Aït Ameur, tout près du tombeau du saint Oulmghenni, dont la seule évocation semble encore imposer le silence.
Là, à plus de deux mille mètres d’altitude, la pierre a gardé la mémoire des anciens, et les montagnes, autour, se tiennent comme des murailles dressées pour protéger les vivants.
La fête des fiancés « Agdoud N’Oulmghenni » battait son plein. Les chants s’élevaient au-dessus des tentes, portés par le vent qui descendait des crêtes comme un souffle sacré.
C’était la première fois pour elle. Une jeune fille, drapée de laine, le regard droit et l’œil attentif. Elle ne parlait pas, mais elle scrutait.
Chaque geste, chaque parure, chaque sourire furtif des autres femmes lui apprenait un peu plus du vieux code de séduction que l’on ne transmet jamais à voix haute.
On dit ici que la fête perpétue une histoire plus ancienne encore que celle des amants de Vérone. Un garçon et une fille s’aimaient. Mais leurs familles, aveugles et raides comme les crêtes d’en face, les ont séparés.
Le chagrin les a brisés. De leurs larmes sont nés deux lacs, Isli et Tislit ,un pour chacun, à quelques pas l’un de l’autre, mais toujours séparés.
Et depuis, chaque année, ceux qui croient encore en l’amour montent à Imilchil. Pour voir. Pour être vus. Pour choisir. Ou pour attendre.
L’air y est rude, le ciel changeant, mais dans les regards des jeunes filles, un feu discret persiste.
Elle reviendra, je le sais. Peut-être l’année prochaine. Peut-être celle d’après.
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