Ruelle de Chefchaouen, Maroc

Le temps des vacances avait offert aux écoliers l’opportunité de prêter main-forte : pinceaux et brosses se sont élancés dans les airs pour caresser les murs édifiés à la fin du XVe siècle, et le bleu de Chefchaouen, véritable emblème, avait réclamé sa part de cette cité sacrée. C’était comme marcher à l’intérieur d’une sculpture vivante, une promenade digne d’un spéléologue, où chaque rue était un passage, chaque voûte une mémoire. Tout ici était bleu, du sol aux murs jusqu’au ciel, mais dans une palette infinie de nuances, une magie en perpétuelle multiplication. J’avançais comme un marcheur céleste, enveloppé par l’azur qui semblait tout réinventer. Pendant trois jours, j’étais devenu un homme bleu, à l’affût de la lumière qui sculptait l’espace. À l’horizon, des silhouettes presque éthérées d’une femme et de ses enfants rentrant de l’école. Ce n’était donc pas un rêve, mais la réalité se mêlant à la poésie du bleu infini de Chefchaouen.